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Escapade dans le Sud Est du Maroc
Toute
cette partie du Maroc est une zone désertique avec l’oued Ziz bien souvent
absent ou profondément enfoui.
Il
y a bien quelques dunes de sable, très rouge, comme le grand Erg de Merzouga,
mais c’est surtout un désert de pierre, un reg. Des pierres plates et lissées
par le vent.
Avec
parfois des buttes, des collines de pierre, des sortes de mesa. C’est une
région Primaire, du Dévonien-Silurien avec des affleurements riches en
fossiles.
Surtout
des Orthocères, des Goniatites, des Trilobites, des Encrines mais aussi
beaucoup d’autres espèces.
Près
d’Erfoud, un gisement du Dévonien est exploité pour en extraire des dalles d’un
calcaire noir très dur et riches en Goniatites et Orthocères.
Une
fois polies, ces dalles permettent de réaliser des pavés, des tables, des
plateaux, des plats, des cendriers et beaucoup d’autres objets très prisés par
les touristes.
Ce
genre d’objets est exporté un peu partout, et les fossiles ainsi polis sont
très esthétiques, mais on est bien loin de la réalité.
Ce
magnifique pavé, était initialement prévu, en 1972 pour carreler la salle de
bain d’un ministre, il a été discrètement ôté de la palette en partance et
remplacé par un autre un peu moins riche.
On
peut remarquer que Orthocères et Goniatites cohabitent sur les mêmes fonds
marins du Dévonien.
Ces
objets polis sont réservés aux touristes, ils proviennent du marché central de
Casablanca dans les années 1980.
Mais il faut être allé sur place et faire des fouilles
pour bien comprendre cet étage géologique.
Entre
1968 et 1972 : mes années de Coopération à Casablanca, j’ai eu de
nombreuses occasions de sillonner cette région.
D’Erfoud
à Merzouga, puis à Taouz si proche de la frontière algérienne et aussi sur la
piste entre Erfoud et Zagora.
De
Erfoud à Taouz, les trouvailles les plus fréquentes étaient essentiellement des
Orthocères et des Goniatites
Près
de Taouz, il y a des gravures rupestres sur des grandes dalle plates. A
proximité on trouve à même le sol une profusion de ces Orthocères.
Ces
Orthocères ont une structure assez proche de celle des Nautiles, même s’ils ne
sont pas enroulés, alors que les Goniatites s’apparentent davantage aux
Ammonites.
Il
y en avait de toutes les tailles, comme ces petites Gyroceratites Gracilis.
Mais
il y avait aussi de magnifiques Encrines, ces premiers Echinodermes qui vivent
en structure arborescente.
Beaucoup
plus rarement dans cette zone, on trouvait parfois des Trilobites.
El
quelques autres espèces tel des coraux, Amplexus coralloïde, Cyathophyllum
hexagonum…
Et
aussi des brachiopodes (Spirifères et Athyris) et des Lamellibranches
.
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Quelques dix ans plus tard, j’y suis
retourné, mais le rêve n’était plus au rendez-vous.
Partout
où il y avait des affleurements, où il était si agréable de fouiller, un
baraquement avait été installé avec des étals remplis de fossiles plus ou moins
trafiqués.
Le long de chaque affleurement, tous les cinq
mètres, de jeunes Berbères creusaient, afin d’achalander les étals. Là un
Berbère plus âgé assurait la vente après de longs marchandages.
C’est
certain que l’on pouvait trouver son bonheur en fouillant dans ces étals, mais
ce n’était pas le même plaisir
Quelques
Gyroceratites Gracilis et à droite des Agoniatites Vanuxeni
Des
Trilobites : surtout des Calymens, des Phacops et des Acidaspis
Et
même l’espèce rarissime fortement bétonnée : le Baisus
couillonus, le seul trilobite du quaternaire.
C’est
une variété de Calymens qui a bien peu évolué depuis le Dévonien comme en
témoigne les trois exemplaires authentiques de droite
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Sur
la piste entre Erfoud et la bibliothèque berbère de Tamegroute, pas très loin d’Alnif,
il y avait quelques buttes avec des affleurements riches en Trilobites.
Nous
étions quatre passionnés : Alain qui savait se faire comprendre en Arabe,
Jean-Jacques, Jeannot et moi.
Nous
cherchions, seuls, depuis un moment sur cette butte, au milieu de ce désert de
pierres, quand soudain un vieux Berbère surgit de nulle part, un gros sac de
jute sur le dos.
Il
a commencé à nous montrer le contenu de son sac, ses trouvailles faites pendant
de long mois.
Devant
notre air intéressé il a posé un tissu au sol et il y a vidé son sac puis nous
a proposé de nous asseoir.
Le
vieil homme a frappé deux fois dans ses mains et une fillette est apparue comme
par miracle ; elle portait une petite caisse contenant un nécessaire pour
le thé.
Deux
autres coups dans les mains et c’est un jeune garçon qui est venu avec quelques
brindilles rachitiques du genre de celles qui poussent dans la pierraille.
Puis
fillette et garçon disparaissent dans un claquement de doigt.
Dans
ce pays berbère la magie est toujours présente et des gens peuvent surgir puis
disparaître, là où il n’y avait personne, quelques secondes auparavant.
Un
petit feu, un trépied, une théière suspendue, un pain de sucre et un petit
marteau et la cérémonie du thé peut commencer.
Pas
question d’entamer discussion et marchandage avant d’avoir bu la première
gorgée.
La
récolte de ce vieux Berbère était fabuleuse ; on lui a presque tout
pris ; le prix obtenu après de longs palabres était très modique.
En
quelque heures nous n’avions trouvé que quelques rares Trilobites mais nous
sommes repartis avec nos sacs bien remplis.
Il
fallait casser beaucoup de nodule pour trouver des Calymens à l’intérieur.
Il
y avait des traces dans de nombreux nodule, mais rares étaient ceux contenant
une pièce de bonne qualité.
Parfois
le trilobite est bien à plat, parfois il est enroulé sur lui-même.
Plus
récemment, j’ai ramené ce très grand trilobite de l’un de mes derniers séjours
au Maroc, il vient aussi du marché central de Casablanca.
Certainement
du sud d’Erfoud, mais il semble plus ancien que le Dévonien… peut être du
Cambrien ?
Cambropallas
Telesto
Pour
celui-là, c’est encore un gros nodule qui a été dégagé puis fendu
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