Le
Tramway SATRAMO d’Alger en Meccano
Dans les années 1920, la
SATRAMO (Société anonyme du tramway moderne) voit le jour, avec pour objectif
le renouvellement du parc français.
Alger, alors préfecture
d’un département français, envisage dans les années 1930 la modernisation de
ses transports urbains. Et même dès 1933, la mise en place d’un réseau
souterrain de tramways entre l’Opéra et le quartier de Yusuf.
La TA (fig.1) (la
Compagnie des tramways algériens), va donc passer commande à la SATRAMO d’un
prototype ; celui-ci fait ses premiers tours de roues à Alger à la fin 1934.
Fig.1 : Logo TA et
Blason d’Alger présents sur toutes les rames.
Ce matériel est
ultramoderne pour l’époque : Les nouvelles rames longues de 20 m ont la
particularité d’être articulées. Elles sont constituées de deux motrices
montées sur deux essieux, encadrant une petite plate-forme centrale articulée
ne reposant pas sur des roues. Son poids extrêmement léger (21,5 t) est
remarquable pour l’époque. (Fig.2)
Une commande est passée
pour 25 trams (hors prototype), qui seront livrés à Alger entre 1937 et 1939.
Fig.2 : Une Rame TA
sur la ligne N°1
Le projet d’enfouissement des lignes de tramways va malheureusement
connaître un coup d’arrêt à la déclaration de guerre. Conçues pour circuler en
tunnel, véritable métro avant l’heure, les motrices SATRAMO ne connaîtront que
l’exploitation en surface.
Dans les parties souterraines, des frotteurs pour un troisième rail
devaient remplacer les perches alors en position baissées.
Après 1957, les fenêtres latérales étaient grillagées pour éviter les
attentats.
Au premier Janvier 1959, la TA sera remplacée par la RSTA (Régie Syndicale
des Transports Algériens)
Alger restera pour longtemps la ville possédant le tramway le plus moderne
de France. Ces rames circuleront jusqu’en fin 1959. (Fig.3)
Fig.3 : 1959, une rame RSTA rue
Michelet
Pour
réaliser, en Meccano, même torturé, une rame circulant sur un réseau 0 Hornby,
il faut résoudre pas mal de problèmes. Tout d’abord l’échelle… Les voies du
Tramway d’Alger sont métriques (1,055m), le calcul donne 1/30ième ce
qui donne une rame de 66cm (Fig. 4).
Fig.4 : Première ébauche avant
finition.
La
motorisation des deux motrices ne pouvait dépendre de vis sans fin, le blocage
d’un moteur ne devait pas empêcher le deuxième de fonctionner. J’ai donc
utilisé un entraînement par pignon et roue de champ à partir d’un moteur 12
volts tournant à 800 tours/minute. Deux frotteurs Märklin assurent la prise du
courant sur le rail central (Fig.5).
Fig.5 : La motorisation et le
frotteur Märklin
Les
seules roues Meccano dont la taille convenait étaient les roues en plastique or
ou orange des années 1990, malheureusement le plastique n’est pas conducteur.
Heureusement que ASSEMBLO avait des roues en ZAMAC de la bonne taille. Elles
utilisent un axe de 3 mm que l’on peut gainer par un tube en laiton de 4 mm
pour les trous des bandes Meccano servant de paliers (Fig.6).
Fig.6 : Les roues ASSEMBLO en ZAMAC
Les
montants des nombreuses fenêtres m’ont également posé problème. Même les bandes
étroites étaient trop larges, il m’a fallu concevoir des pièces spécifiques,
longues de 4 trous mais larges de 3, 4 et 5 mm (Fig.7).
Fig.7 : Les montants des fenêtres.
De
même pour les toits, galbés et trop larges pour les plaques bandes (Fig.9). Et
les portes… un vrai casse tête : elles ont été
découpées dans une tôle très mince et pliées en accordéon (Fig.8).
Fig.8 : Une porte en tôle mince.
Les
perches, orientables et se levant ne pouvaient n’être qu’une tringle Meccano
beaucoup trop grosse. Heureusement les baleines d’un ancien parapluie ont
résolu ce problème (Fig.9).
Fig.9 :
Le toits d’une motrice et la perche.
Le
plus difficile restait à faire : les soufflets entre les trois parties
articulées. C’est un pliage très délicat dans un papier canson noir. Un
soufflet JeP de 1958 m’a servi de modèle, aussi bien pour son pliage que pour
sa fixation sur les parties articulées (Fig. 10).
Fig.10 :
Soufflet et gouttières de fixation JeP Fig.11 : Soufflet
en canson noir
L’aménagement
intérieur oblige à beaucoup de découpe et de pliage (Fig.13). Les passagers
peuvent embarquer ; la peinture est achevée (Fig.14).
Fig.13 :
Sièges et poste de pilotage
Fig.14 :
Vue d’une motrice avec ses passagers.
Ce
qui fait le charme de ces tramways, c’est l’abondance des publicités et des
différents logos qui décoraient leur carrosserie. Les années 1950 étaient
riches en publicités, ce qui donne vie à ces tramways (Fig15 & 16).
Fig.15 : Ligne 3, direction dépôt à
Yusuf – Voiture 26
J’ai
pu retrouver un maximum de publicités qui décoraient à cette époque les
tramways d’Alger. Que de nostalgie en revoyant ces images de notre enfance…
Cigarettes JOB, Bière 33, Pâtes Couscous FERRERO, Anis GRAS, Vins en Litre
cachetés, Lampes MAZDA-PERLE, Vins Sénéclauze,
BUTAGAZ…
Fig
16 : et toutes ces publicités qui nous font rêver
Je termine par un grand merci à mon ami
Jean-Claude qui m’a beaucoup aidé à trouver tous ces renseignements.