AVANT PROPOS

Ne nous y trompons pas, Si la très longue histoire du MECCANO frôle souvent le merveilleux, son début ne doit pas être considéré comme un conte. Un conte où un excellent père de famille, désireux d’offrir un jouet à ses enfants, ferait une géniale découverte et serait récompensé de ses bons sentiments par une prodigieuse ascension sociale.

L’invention du MECCANO est la conséquence logique d’une grande aventure qui débuta en des temps où l’homme, commençant à maîtriser la production du métal, découvrait de fascinantes perspectives.

Il existe, en Grande Bretagne , un fleuve, la Severn, dont le cours se termine en un large estuaire séparant le Pays de Galle de l’Angleterre. En remontant vers sa source, il est possible de découvrir une agréable vallée dont le sous-sol, particulièrement riche, fut très exploité. Dans ce lieu, à Coalbrookdale, se trouvait un « Haut fourneau » pour lequel un nommé Abraham Darby obtint un bail en 1708.

L’année suivante, il commença à remplacer le charbon de bois, jusqu’alors employé pour le traitement du minerai, par du coke. Ce procédé permit un formidable développement de la production et, parti de là, le « Nouvel âge du fer » gagna l‘ensemble des pays dit civilisés.

De nos jours, la totalité de ce site est devenu un musée qui raconte la naissance du monde industrialisé dans lequel nous vivons ; l’explorer est passionnant.

Le « Haut fourneau » qui servit à Abraham Darby pour sa victorieuse expérience peut paraître bien modeste ; et pourtant c’est ici que s‘amorcèrent des évènements qui provoquèrent une mutation de la société.

Un peu plus loin dans la vallée, « Iron Bridge », un pont qui fut le premier pont métallique ayant été construit dans le monde, unit les deux rives avec une élégance du meilleur goût.

Ouvrons une parenthèse pour citer un autre fait marquant : C’est à Coalbrookdale, en 1802, que Richard Trevitick construisit un engin considéré comme l’ancêtre des locomotives à vapeur.

En poursuivant notre route, nous arrivons à la colline de Blits Hill. Vers le milieu du dix neuvième siècle on pouvait y rencontrer : hauts fourneaux, mines de charbon, etc … Un plan incliné permettait, grâce à un système de chariots, montés sur rails, de hisser des chalands du niveau de la Severn à celui d’un canal supérieur. De nombreuses machines, ne pouvant être présentées « en situation » dans le lieu où elles étaient utilisées, ont été transportées ici. Quelques petits bâtiments abritant l’auberge, la fabrique de chandelles, etc … complètent le panorama.

Le souvenir d’un petit fascicule édité vers les années trente émerge de notre mémoire. Il parlait d’un pays où tout ce qui existait était construit en MECCANO et racontait sa visite par un enfant émerveillé. La découverte de la vallée de la Severn n’est elle pas, en quelque sorte, une « Visite au Pays Meccano » ?

Les structures métalliques, les machines en mouvement de Blits Hill, sont faites de pièces étudiées pour un emploi précis. Certaines d’entre elles, ayant un rôle de base, se retrouvent dans différentes réalisations, assemblées de différentes manières. C’est à partir de ce principe que furent conçues celles qui constituent le jeu dont il est question dans le livre : La Grande Epopée de Meccano. Un jeu est né de certaines vérités essentielles de la construction mécanique. Des vérités qu’un homme a su discerner parmi ce qui s’offrait à son regard et à son intelligence.

Ceci étant dit, faisons provision d’enthousiasme et partons à la découverte …

Edmond Besson 21 janvier 1993

*

Avec ces pages, nous allons étudier l’histoire de MECCANO FRANCE. La firme Meccano française est une filiale de la fameuse maison britannique

 

Meccano Ltd créée par Franck Hornby à Binns Road, Liverpool 13, en 1901. Comme cette dernière, elle produisit d’abord des boîtes de jeux de construction Meccano, puis des trains Hornby avant d’introduire sur le marché les merveilleux Dinky Toys.

Son activité était sans doute limitée au cours des premières années à un simple rôle d’importation et de diffusion de produits manufacturés à Liverpool, mais très vite un outillage important et complet permit à MECCANO FRANCE de réaliser ses fabrications de façon autonome. Les bureaux et l’administration étaient implantés 5 rue Ambroise Thomas à paris 9ième puis dés 1921 à Belleville dans le 19ième aux 78 et 80 de la rue Rébeval, avant d’être regroupés en 1951 à Bobigny rue Henri Barbusse, à l’angle de la rue Valentine.

A cette époque, l’air de famille (du à l’emploi de pièces communes) des produits Meccano anglais et français est indiscutable. Et pourtant, il y a toujours de petits détails qui font que l’impression première d’identité entre deux objets similaires n’est pas confirmée par un examen plus détaillé. Cette caractéristique se vérifiera, par la suite pour toutes les productions Meccano : Boites de constructions, autos et avions Meccano, trains et canots Hornby et bien entendu les Dinky Toys. Cela ne doit pas surprendre, quand on sait que la plupart des machines et de l’outillage français provenaient de Liverpool.

Cette incidente sur les différences constatées entre les documents du Meccano Magazine et le catalogue général Meccano explique pourquoi de 1933 à 1937 on ne doit se référer aux catalogues qu’avec une extrême prudence

Ce n’est qu’à partir de 1949 que la marque française prit réellement son essor.

En 1951, Meccano France abandonne la rue Rébeval et regroupe la totalité de ses services à Bobigny, du 70 au 88 avenue Henri Barbusse, dans des locaux plus vastes, acquis et équipés entre 1929 et 1934. C’est cette adresse qui demeure à jamais gravée dans la mémoire des petits français nés entre 1935 et 1955.

Plus tard en 1970, devant céder la place à l’urbanisation galopante de la région parisienne, les usines Meccano seront transférées à Calais, dans le Nord de la France, et ce mouvement coïncidera d’ailleurs avec la fin des authentiques Dinky Toys français.

1898 NAISSANCE DU MECCANO

Franck Hornby, l’inventeur du Meccano, avait pour livre de chevet la biographie des inventeurs célèbres. Ce livre décrivait avec précision les difficultés vaincues depuis l’invention jusqu’au succès de leurs découvertes. La vie mouvementée de Bernard Palissy et de sa découverte de l’émail blanc pour la fabrication de la faïence, le fascinait particulièrement. « Je me le représentais fort bien devant son four, nuit et jour. Au cours de ses recherches, il n'hésita pas, lorsque tout son combustible fut épuisé, à chauffer son four avec son mobilier familial. Mon petit atelier était mon paradis où je passais tous mes moments de loisirs à essayer de réaliser les idées qui me venaient en tête.
Père de deux enfants, Franck Hornby fabriquait pour eux des jouets : des modèles spécifiques. Pour Noël, il décida de leur construire une grue, mais il n’arriva pas à trouver les pièces détachées nécessaires, il se mit alors à les fabriquer.

C’est avec effroi que je pensais à la terrible perte de temps et d’efforts … Je voyais que seules des pièces interchangeables pouvaient remédier à cet état de choses. Il fallait pour cela trouver un nouveau principe de standardisation qui permettrait d’assembler les pièces d’un système à combinaisons multiples. L’idée heureuse me vint alors que des pièces perforées de rangées de petits trous de même diamètre et équidistants feraient admirablement mon affaire.

C’est à ce moment que Franck Hornby conçut des pièces permettant aux enfants de construire et d’inventer eux-mêmes leurs jouets. Ce fut l’idée originale qui fera la gloire du MECCANO.

Tout a commencé dans le petit atelier personnel de Franck Hornby à Liverpool, employé chez un grossiste en aimantation.

C’est à la main que laborieusement il découpa et perfora des bandes de cuivre de longueurs différentes. Les dimensions, la taille des perforations et la distance entre deux trous retenus dés cette époque n’ont pas changé à ce jour.

Le 9 janvier 1901 Franck Hornby déposa son brevet grâce à un prêt de 5 livres de son employeur sous le nom de « Mechanics Made Easy » (La mécanique rendue facile). Cette invention fut dénommée après analyse comme : Un jouet et un jeu éducatif pour les enfants et les jeunes. Son brevet fut immédiatement étendu à la France, la Belgique, l’Allemagne, les U.S.A., le Canada et la Nouvelle Zélande.

Dés 1901, date de dépôt du brevet, fut mise au point l’idée originale qui fera la gloire du MECCANO : standardisation des pièces, bandes en métal mince avec bords repliés pour renfort, avec trous de même diamètre et équidistants pour faciliter le maximum de combinaisons possibles dans la construction, présentation nickelée, vis et écrous (boulons) permettant d’assurer la fixation stable des pièces entre elles.

Dans la première boîte, le système contient 9 pièces différentes. Les bandes sont fabriquées en étain avec bords repliés pour assurer leur rigidité. Les roues sont en laiton. Les instructions illustrent les modèles.

1902 : Le local au 18 James Street sert au conditionnement. La fabrication des pièces est sous traitée, d’où des difficultés à réunir de bonnes conditions pour obtenir qualité, délais de livraison et prix …

1904 : Le système s’enrichit de 7 pièces pour ajouter l’entraînement (roue à barillet, poulie, pignon, roue à dents, roue de chant à dents) La gamme comprend 3 boîtes : A, B et C.

1906 : Le système se développe ; Il comprend désormais 39 pièces différentes (y compris la chaîne de Vaucanson, plus communément appelée : chaîne galle). Deux boîtes s’ajoutent à la gamme (D et E).

1907 : Ouverture de la première usine MECCANO au 10 Duke Street à Liverpool. La qualité des pièces s’améliore considérablement.

1909 : Les bandes sont désormais faites en acier nickelé sans bord replié, plus épaisses donc plus rigides (comme actuellement). Les extrémités des bandes sont arrondies. Refonte de la gamme (6 boîtes numérotées de 1 à 6 et des manuels). Pour faire face à la demande croissante, MECCANO transfère la production dans une usine plus grande à West Derby Road (Liverpool). La sous traitance extérieure est limitée à très peu de pièces.

1912 : A Berlin, le Meccano est produit par MARKLIN en association avec la société MECCANO. Filiale à Paris au 5 rue Ambroise Thomas pour distribuer le MECCANO, elle est dirigée par Roland le Fils de Franck Hornby.

1914 : Le système comprend désormais plus de 50 pièces différentes. Déjà l’usine devient trop petite pour satisfaire la demande. Une nouvelle et importante usine est construite dans le port de Liverpool à Binns Road. La machine à vapeur fut introduite dans le système comme source d’énergie. La déclaration de la première guerre mondiale entraîne la confiscation de MECCANO Allemagne qui fut attribué à MARKLIN, lequel continua à fabriquer le jeu de construction sous son propre nom. A cette époque il n’était pas rare de trouver dans les boîtes de MECCANO des pièces de couleur noire estampillées MECCANO et MARKLIN.

1915 : Edition d’un livre sur Franck Hornby intitulé : « L’enfant qui gagna un million de dollars avec un jouet », par M.P. Gould.

1916 : Le Meccano Magazine apparaît, afin de répondre à de nombreuses questions sur son contenu, il vous sera indiqué le principal du contenu pour chaque numéro.

 

MECCANO MAGAZINE N° 1. VOL. 1. OCT.- NOV. 1916

NOTRE PREMIER NUMERO

Nos petits amis Meccanos nous demandaient depuis longtemps de publier un Magazine : le voici ! Ce petit premier numéro est bien modeste, mais il aura atteint son but s’il réussit à vous plaire et à vous rapprocher de nous encore davantage. Nous aurons à vous entretenir, touchant Meccano, d’une foule de choses plus intéressantes les unes que les autres. Nous en développerons le programme dans le Meccano Magazine. Votre attente, nous l’espérons, ne sera point déçue. Quelques-uns parmi vous s’imaginent peut-être avoir épuisé l’inépuisable fonds de science récréative qui est l’apanage de Meccano : qu’ils se désabusent ! Les possibilités de Meccano sont illimitées. C’est une mine aux innombrables filons que nous allons exploiter en commun. Ce Magazine sera l’organe de tous et pour tous. Ecrivez au Directeur aussi souvent qu’il vous plaira. C’est ancien qui le connaît : il sera toujours très heureux de pouvoir vous être utile. Et si vos lettres offrent de l’intérêt, elles seront les bienvenues dans les colonnes du Meccano Magazine.

Paris - Meccano (France) Ltd - Le Directeur

Principaux articles :

Boîte accessoires de l’inventeur,
Le moteur électrique Meccano,
Tarif et Boîtes Meccano,
Les boîtes Meccano avec moteur électrique,
Bande croisillonnée Meccano,
Bielle et accouplement Meccano,
Autre «concours» et autres prix,
Le Meccanographe,
Le jouet sans pareil «L’As»,
Quelques perles de notre courrier,
Le Meccano de célébrité mondiale a toujours battu» «la camelote allemande».

Nouveaux modèles : Grue Meccano, Le métier à tisser Meccano.

Quelques modèles primés :
Moulin à vent avec épouvantail,
Périscope,
Scie oscillante,
Machine à mesurer les distances,
Canon et caisson,
Chaise de dentiste,
Gong automatique,
Balai-brosse,
Tracteur et canon,
Voiturette de livraison.

 

Tarif Meccano

Boîte N° 0 avec instructions pour 78 modèles. . . .6.50
. . . . .N° 1 . . . . . . . . . . . . . . . . 105 . . . . . . . . .11.50
. . . . .N° 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 151 . . . . . . . . .21.50
. . . . .N° 3 . . . . . . . . . . . . . . . . 196 . . . . . . . . .35.00
. . . . .N° 4 . . . . . . . . . . . . . . . . 247 . . . . . . . . .54.50
. . . . .N° 5 . . . . . . . . . . . . . . . . 277 . . . . . . . . .85.00
. . . . .N° 6 . . . . . . . . . . . . . . . . 326 . . . . . . . .200.00 en bois façon noyer et fermant à clef.

 

Boîtes accessoires

N° 0a transformant une boîte 0 en une boîte N° 1. . . . 5.75
N° 1a . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 . . . . . . . . . . . . . 2. . .10.50
N° 2a . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 . . . . . . . . . . . . . 3. . .14.50
N° 3a . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 . . . . . . . . . . . . . 4. . .20.50
N° 4a . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 . . . . . . . . . . . . . 5. . .31.00
N° 5ac . . . . . . . . . . . . . . . . 5 . . . . . . . . . . . . . 6. . .75.00
N° 5aw la même, Boîte façon noyer 100.00
Boîte accessoire de «l’inventeur » . . . . . . . . . . . . . . .11,50

 

Les boîtes Meccano avec moteur électrique

N° 1x avec moteur non réversible 21.50 < De même composition que les boîtes 1,2 et 3
N° 2x avec moteur non réversible 32.00 < mais avec en plus, le moteur électrique Meccano
N° 3x avec moteur . . . réversible 50.00 < Un beau cadeau de choix.
Le moteur électrique Meccano N° 1 marche simple 11,50 fr.
Le moteur électrique Meccano N° 2 ….. réversible 18,50 fr.

 

Nouvelles pièces

N° 62 Bielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . .1.00 fr.
N° 63 Accouplement de tringles. . . .1.00 fr.
N° 99 Longrine 25 trous, 32 cm. . . .2.50 fr. les six
N° 100 Longrine 11 trous, 14 cm. . .1.50 fr. les six

Aux Fervents de Meccano. Un message de l’Inventeur

Depuis le jour où je pris le premier brevet Meccano, que de chemin parcouru et de progrès accompli ! Je me rappellerai toujours, avec le plus vif plaisir, ces débuts laborieux ; car, dés leur apparition même, les pièces Meccano furent tout de suite l’objet d’une vive curiosité, suivie d’un succès spontané qui, depuis, n’a fait que procéder par bonds prodigieux dans la voie ascendante. En ce temps-là, je n‘avais ni ateliers pour fabriquer mes premières pièces, ni même de local où j’eusse pu me livrer aux premières expériences nécessaires. Les difficultés furent nombreuses et, bien souvent, jugées presque insurmontables. A l’heure actuelle, Meccano possède les plus vastes fabriques de jouets de tout l’empire britannique et un outillage ultra moderne y fonctionne sous la direction experte de centaines d’ouvriers techniciens. Durant ces quinze dernières années, plus d’un million de jeunes gens de tout âge et de toutes nationalités ont adopté le Meccano, et n’ont cessé depuis de s’intéresser à ses nouvelles créations et à ses manuels toujours de plus en plus documentés.

Meccano se fait gloire de compter aujourd’hui plus d’adeptes fidèles que n’en peuvent réclamer le football, le cricket ou tout autre passe-temps populaire. J’ai, depuis quinze ans, échangé tant de lettres avec les jeunes Meccanos du monde entier ; il m’a été donné tant de fois d’apprécier leur nature si ouverte et, d’autre part, si enthousiaste pour tout ce qui touchait Meccano ; j’ai été si souvent l’objet de leurs sentiments sympathie si franchement exprimés, que j’ai fini par les considérer, tous individuellement, comme des amis personnels. Aussi, puis-je dire avec beaucoup de fierté que nul autre, mieux que moi, peut-être, ne connaît ce bonheur inappréciable de compter autant d’amis parmi la jeunesse de tous les pays. Je saisis avec empressement l’occasion que me fournit ce premier numéro du Meccano-Magazine, pour renouveler à tous l’expression de ma grande amitié et de mon dévouement inlassable.

Dans les prochaines éditions du Magazine, je vous dirai quelques-unes des difficultés qui entourèrent la création, la fabrication et la mise au point de Meccano, tel que vous le connaissez aujourd’hui. Je vous dirai comment me fut suggérée l’idée de la plupart des pièces essentielles et de quelques-uns des meilleurs modèles. Et je vous parlerai un peu aussi de nos projets pour le développement futur de Meccano. En créant le Meccano-Magazine, mon ambition est de vous mieux connaître et d’être mieux connu de vous, et ma détermination, de faire en sorte que Meccano reste ce qu’il a toujours été : le plus amusant, le plus séduisant et le plus instructif de tous les jouets.

F. Hornby
Directeur général, Meccano Limited. Liverpool

Email : jmesteve91@orange.fr

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