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Une histoire du Meccano :  1- Frank Hornby et les premiers pas du Meccano

                                                             2- La période Clavetée : les débuts de la marque Meccano

                                                                3- La période Nickelée : La naissance du Meccano moderne

                                                          4- La période "Rouge et Vert" : Le Meccano en couleur

                                                                     5- La période "Alphabétique" : le début du "Bleu Quadrillé" 

                                                                     6-Le retour au numérique : la période "Bleu Quadrillé et Or" 

                                                                     7- L’après-guerre : La fin du "Bleu-Quadrillé et Or" en France

                                                                      8- L’après-guerre : Le retour du "Vert et Rouge" en Angleterre

                                    9- La première époque du "Bleu-uni et Or"

                                     10- Les années 60 : La fin du "Bleu-uni et Or"

                                                                 11- Les débuts de la période "Zinguée" : La fin de Binns Road.

 

 

La période Nickelée : La naissance du Meccano moderne

 

En 1913, une importante innovation va donner au Meccano sa forme définitive. Les roues sont maintenant munies de moyeux avec une vis d’arrêt qui a le même pas que le reste de la visserie Meccano. Les clavettes sont conservées, mais sans l’ergo et elles ne servent plus qu’à maintenir les axes en position dans les paliers.

 

Quelques roues subsistent sans vis d’arêèt : les poulies folles évidemment et plus tard les premières roues de charrette. Les roues sont en laiton, sauf les plus grandes en acier nickelé et moyeux en laiton. Les axes sont en acier et toutes les autres pièces sont en acier nickelé. Les boîtes N°0 à 6 et N°0A à 5A sont en carton pour les plus petites avec un couvercle à charnière, et en coffret bois pour les plus grosses.

 

Cette période est aussi marquée par l’essor du Meccano dans le monde. En 1912, création d’une usine à Berlin où le Meccano est produit par Märklin en association avec Frank Hornby. La même année, Märklin fabrique les deux premiers moteurs mécaniques Meccano. Ils ont le double marquage : Märklin & Meccano. Meccano est alors distribué par Märklin (G.m.b.H), dans l’Europe continentale. En France  Maerklin frères et Cie s’est installée au 416, rue Saint-Honoré à Paris. La production Meccano occupe les quatre dernières pages du catalogue MAERKLIN (le nom MÄRKLIN a été francisé), c’est le premier dépôt Meccano pour la France. Curieusement, le moteur Meccano présenté dans ce catalogue, n’a jamais existé, l’original est plus grand.

A la fin de 1912, en France, Frank Hornby crée une agence à Paris : Meccano S.A, 5 rue Amboise Thomas et il en confit la direction  à son fils Roland.

En 1913 Frank Hornby crée son premier atelier aux U.S.A à New-York.

 

 

A cette époque, le système inventé par Frank Hornby avait fait école et de nombreux jeu analogues étaient né partout dans le monde. Le choix du demi pouce était assez logique dans les pays Anglo-Saxon, mais dans le reste de l’Europe des mesures basées sur le système décimal étaient plus souvent choisies (les espacements les plus fréquents étaient 10mm, 11mm, 12mm et 12,5mm). Toutefois il y avait quelques exceptions : MÄRKLIN évidemment puisqu’il est directement issu de Meccano, mais aussi quelques autres jeux qui voulait profiter du créneau pour vendre des pièces compatibles et moins chers.

Deux jeux sortent du lot PRIMUS ENGINEERING en Angleterre et ÉCÉPÉ en France. Ces jeux ont en effet choisi d’être totalement compatible avec Meccano : espacement et diamètre des trous, modèle de visserie, pitch des engrenages…

 

          

 

En 1914, l’usine de Liverpool devient trop petite pour satisfaire la demande. Une importante usine est construite à Binns Road (Old Swan – Liverpool), elle ouvre le 28 juin. Cette même année la première locomotive Meccano en voie O est construite, on ne parle pas encore des trains Hornby.

 

 

  

       

 

Puis arrive le mois d’août et le début de la guerre. Les biens Meccano en Allemagne sont confisqués par le Kaiser Guillaume II et attribués à Märklin qui continue à fabriquer un Meccano-Märklin, pièces noires avec le double marquage de 1917 à 1919. En 1920 seul le nom de Märklin subsiste et ce jeu si semblable à Meccano durera jusqu’en 2000.

 

 

Cette période de guerre imposera beaucoup de changements tant en France qu’en Angleterre. Le laiton est réservé pour les munitions de l’armée. Les moyeux en laiton de certaines pièces sont remplacés par des U en acier. Pour d’autres pièces, on remplace le laiton par de l’acier nickelé ou de l’acier noir et pour d’autres encore un nouvel alliage à base de zinc est utilisé, il a déjà fait ses preuves aux Etats-Unis dans des jeux tels que STRUCTO & AMERICAN MODEL BUILDER. Ce n’est pas encore du ZAMAC mais cela s’en approche beaucoup (il manque la haute pression). C’est un alliage gris terne assez fragile et qui devient cassant avec les années.

 

 

En 1915 Frank Hornby fait appel à American Lionel Company pour fabriquer les premiers moteurs électriques 4 volts pour Meccano avec ou sans renversement de marche.

 

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette période de guerre n’a pas été une période de stagnation pour Meccano, bien au contraire. De nombreux accessoires pour une petite usine ont vu le jour entre 1914 et 1918 :

- une barate en 1912, copie de la barate Bing suite suite un accord passé avec Bing

- une machine à vapeur à chaudière verticale en 1914

- une table de sciage avec scie circulaire en 1915

- deux types de chaises à palier en 1915

- une poulie de 5cm en métal moulé en 1915 (la poulie de la baratte)

Curieusement, le volant d’inertie de 7cm bien utile pour ce genre de petite usine n’est introduit qu’en 1920.

 

 

D’autres moteurs datent également de cette époque. Il y a plusieurs types de moteur à eau, entre 1914 et 1917, ils fonctionnent par simple branchement à un robinet. Ces moteurs sont assez rares car il y en a eu très peu de vendus, d’une part à cause de la guerre, d’autre part, ce n’est pas pratique d’accaparer le seul robinet de la maison dans l’arrière cuisine, quand on a la chance d’avoir l’eau courante.

 

 

Le manuel de 1914 montre également un moteur électrique 110 volts qui se branche à la place d’une ampoule à l’aide d’une douille voleuse (les prises de courant étaient rares dans les premières maisons connectées au réseau).  Ce moteur n’est pas fabriqué par Meccano, mais sous traité. Là encore, ce n’est guère pratique, il n’y a généralement qu’une seule ampoule qui pend au plafond de la cuisine et c’est la pièce de vie de la maison. Il faut retirer la lampe pour brancher la douille voleuse… Par la suite, il sera possible d’acheter une prise voleuse permettant de disposer de deux branchements tout en conservant l’ampoule de 25 bougies (40W) de la cuisine. C’est une nouveauté très appréciée par les ménagères qui peuvent à la fois repasser et être éclairées. Et il reste un branchement pour le moteur du jeune Meccano. Vivement des prises de courant dans chaque pièce !

 

 

Ces éléments ne sont souvent apparus en France qu’après la guerre mais les manuels de 1914 et de 1916 les montrent déjà au jeune public impatient de se les procurer. Pendant cette période, Meccano S.A, rue Amboise Thomas, fonctionne sans son directeur : Roland Hornby est second lieutenant à la Royal Air Force (officier volant). Il restera Directeur Général après l’armistice du 11 novembre 1918 tout en poursuivant aussi sa carrière militaire et Georges Laurent assurera la direction effective dès 1920.

En 1916 paraît le premier N° du Meccano Magazine N°1 Vol. 1, ce n’est au départ qu’une double feuille de journal bisannuel au format 27x34cm, d’abord en anglais puis très rapidement en Français et également en espagnol. Dès le N°2 janv-févr. 1917 Frank Hornby raconte la génèse du Meccano sous forme d’un feuilleton à suivre.

 

 

En France, Meccano Magazine passe au format 21x27 avec 8 pages en 1924 et en 1936 les derniers numéros ont 36 pages.

En 1917 Meccano propose sa première boîte "INVENTEUR" qui contient beaucoup de nouvelles pièces non encore présentes dans les boîtes classiques :

- les nouvelles roues de charettes, sans moyeux à leur début

-  les longrines de 25 et 11 trous, à coins à angles vifs

- la poulie de 5cm en métal moulé

- les lisses pour métier à tisser

- les premières roues pour chaine de Galle

- et  le manuel des modèles primées de 1915…

De quoi à faire rêver tous les jeunes constructeurs de l’époque

 

 

En 1919 Frank Hornby crée la Gilde Meccano qui se veut de regrouper tous les jeunes Meccano du monde entier. Ce n’est pas une faute d’orthographe, le mot Guilde peut aussi s’écrire Gilde et on trouvera indifférement les deux orthographes dans les documents de l’époque ainsi que Guild sur les documents anglais. Cette Guilde existera en France jusqu’au début des années 40.

 

 

Pendant les années 20, Meccano S.A (France) va prendre de plus en plus d’importance et ses locaux, rue Amboise Thomas, deviennent trop petits. En 1921, le nouveau directeur de Meccano S.A., Georges Laurent, fait construire, rue de Rébeval, à Belleville, Paris 19ième, un immeuble qui abritera les services d’importation et de fabrication de Meccano. Au début c’est surtout un service de mise en boîtes des pièces Meccano importées de Liverpool, mais dès 1924, l’usine posséde ses propres machines et est à même d’assurer la quasi-totalité de la production de Meccano-France. 

 

 

En 1920, les catalogues recensent 60 pièces différentes. En 1924 ce nombre passe à 160 puis à 174 en 1926, année qui marque la fin de la période nickelée. En 1922 un très gros coffret, en bois complète la gamme de boîtes Meccano de N°0 à N°7 avec les boîtes complémentaires dont les plus grosses N°5A et N°6A sont également fournies dans des coffrets en bois. En 1923, une très petite boîte N°00 s’ajoute à la collection. En 1920, deux boîtes "INVENTEUR", A & B, viennent remplacer celle de 1917. Cette fois ci, encore un grand nombre de pièces nouvelles y figurent : la poulie de deux pouces sous sa forme définitive, toujours des longrines, des roues dentées de 56 et 20 dents, des roues pour chaine de Galle, la nouvelle poulie d’un demi pouce avec moyeux… et pour la boîte B, le pignon de 40 dents, des pignons d’angle, des crémaillères, des architraves, des plaques triangulaires, des poutrelles triangulées et beaucoup d’autres pièces jusqu’alors jamais vues et qui se retrouveront par la suite dans les plus grosses boîtes.

 

Les moteurs aussi évoluent : le moteur mécanique N°2 disparaît des catalogues. Le moteur N°1 , maintenant fabriqué à Liverpool, a ses coins arrondis. Le moteur Lionel, qui a plusieurs fois changé de forme entre 1916 et 1921, est remplacé, en fin 1921, par un nouveau moteur fabriqué à Liverpool, toujours 4 volts mais un peu plus haut. De petites batteries d’accumulateurs sont maintenant fournies par Meccano pour actionner ces moteurs. En 1921 Frank Hornby propose ses premières boîtes électriques, deux modèles sont en vente, la plus grosse contient en plus le moteur et l’accumulateur. Les coffrets N°6A et N°7 contiennent évidement toutes ces pièces électriques, le moteur et l’accumulateur. Et en 1925, un autre moteur 4 volts de même taille mais plus solide vient remplacer le moteur de 1921.  Parallèlement à ces moteurs bas voltage, dès 1922 Meccano produit des moteurs 110 volts dont la forme évoluera plusieurs fois entre 1922 et 1926.

Les nouvelles technologies intéressent beaucoup Frank Hornby, et en plus des boîtes électriques il propose dès 1922, deux ensembles permettant de construire des postes à galènes. Malheureusement, ces ensembles n’ont qu’un succès éphémère car l’année suivante, de sévères réglementations fiscales contrôlaient et imposaient les postes de radios qui ne peuvent donc plus être en vente libre.

 

 

Frank Horby s’intéresse aussi à la politique et en 1924, il est élu au parlement britannique.

A Paris, au 5 boulevard des Capucines, s’ouvre en 1925 un important magasin de présentation et de vente au détail, il sera consacré à l’ensemble des productions Meccano et subsistera jusque dans les années 1960. Aussi bien en France qu’en Angleterre, Meccano soigne son jeune public. Nombreux sont les jeunes enfants qui ont commencé avec une boîte N°1 à Noël et qui chaque année demande au père Noël la boîte complémentaire qui suit… 1A, 2A, 3A ; à ce moment ils ne croient plus au père Noël mais pourquoi ne pas continuer quand même… 4A, 5A.  Le jeune garçon a maintenant 14 ou 15 ans, il possède le contenu d’une boîte N°6 mais rien pour ranger ses pièces. Les boîtes en carton résistent mal à un usage intensif. Parfois le papa bricoleur fabrique une caisse de rangement, mais c’est là que Meccano intervient, il propose de très beaux coffrets en chêne de diverse taille et surtout ce magnifique cabinet de rangement.

Malheureusement, il n’est disponible qu’en Angleterre. Meccano France ne l’a jamais commercialisé.

 

L’implantation du Meccano dans le monde ne se limite pas à l’Europe. En 1920, aux Etats Unis, l’atelier de New-York uniquement utilisé pour la mise en boîte des pièces fabriquées à Liverpool n’est plus suffisant et une importante usine est créée à Elisabeth dans le New-Jersey. Le Meccano made in USA va se démarquer progressivement du Meccano européen mais conservera des normes compatibles. Les poulies de 3 pouces sont toujours à quatre rayons comme les premières de 1918, mais elles sont nickelées au lieu du noir de 1918. Les bandes et les cornières sont en acier presque noir. Les moteurs sont toujours des moteurs Lionel… et plein d’autres petites différences. En 1922 Lionel possède 30% des actions de Meccano inc. Et en 1928 il en acquiert la totalité des parts.

 

 

Les trains Hornby de la période nickelée

 

On ne peut quitter cette période sans parler des autres productions des usines Meccano. En 1920 Frank Hornby décide de lancer la production de trains en voie 0 (écartement de 35mm). Ce n’est qu’en 1922, que ces premiers trains apparaissent sur les catalogues français et à la fin de la période du Meccano nickelé, en 1926, il y avait déjà un important ensemble ferroviaire présent à la vente dont une partie commence à être fabriqué en France. Ce ne sont encore que des moteurs mécaniques. La première rame électrique : le train bleu avec sa loco Pacific, n’est proposé que pour Noël 1926.   Pourtant dans le Meccano Magazine d’Août septembre 1922 (VOL.1-N°21) , un encart de 10 lignes prévoit déjà un train électrique Hornby : un train de luxe au prix de 295f ; c’est le prix d’une boîte Meccano N°5. A partir de 1925, le Magasin Meccano au 5 Boulevard des Capucines présente de grandes vitrines avec de grands circuits où évoluent les plus beaux trains Hornby pour le plus grand plaisir des jeunes visiteurs. Le premier Chemin de fer Hornby, en 1921 est un muni d’une loco mécanique démontable constituée de 27 pièces interchangeables suivant un principe cher à Frank Hornby. Sur les catalogues de 1922, figure toujours la loco N°1 démontable, soit avec une rame de voyageurs, soit avec une rame de marchandises. Nous avons en plus une loco de luxe 220, soit avec une rame de voyageurs (voitures Pullman à deux essieux) soit avec une rame de marchandises. Mais il y a aussi une autre marque : les trains mécanique ZOULOU (ZULU en 1923). C’est une sous marque de Meccano pour des trains bas de gamme, avec une loco toute noire, sans aucune décoration, d’où le non Zoulou. Il y a une loco avec tender séparé et une loco tender (locomotive réservoir Zoulou ou locomotive tank Zulu).

 

 

 

Les trains Hornby fabriqués par la Maison Meccano, sont établis d’après les principes du système Meccano.

Toutes les parties sont standardisées, et Locos, Tenders, Wagons peuvent être démontés pièce à pièce, et remontés A volonté.

En outre, toute pièce perdue ou détériorée peut être fournie sur demande et remise en place par vous-même.

Ce qui revient à dire qu'on peut renouveler un train Hornby indéfiniment.

Publicité et texte extraits de Meccano-Magazine de Janvier-Février 1922

 

Les premiers trains électriques Hornby ne disposaient pas d’un transfo, mais d’un rhéostat à trois positions, équipé d’une ampoule de 40 bougies (environ 60 watt) et branché sur le secteur en 110volts. Lorsque la loco circulait, elle recevait entre 20 et 30 volts altèrnatifs ; le reste du courant passait dans l’ampoule, et il n’y avait aucun danger à toucher les rails. En cas de déraillement, si la loco quittait la voie, il y avait à nouveau 110volts sur les rails et il n’était pas conseillé d’y poser les doigts !

 

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