C’est certainement la plus courte des époques du Meccano : 1934-1937.

C’est aussi une époque transitoire pour de très grand changements :

- Restructuration complète de la numérotation des boîtes Meccano.

- Modification totale des couleurs.

- Changement profond de l’esprit même des constructions Meccano.

En 1934, la période "Rouge et Vert" est à son apogée, cela est une réussite dans tous les domaines, mais la direction de Meccano envisage une restructuration totale. Tout d’abord, elle veut augmenter le nombre de boîtes intermédiaires : passer de 10 à 12 boîtes principales. Ce n’est pas très facile de passer d’une numérotation de 000 à 7, à une numérotation de 000 à 10. Les clients potentiels risquent de se perdre complètement en voulant compléter les boîtes déjà acquises. D’où l’idée, de provisoirement, utiliser des lettres à la place de chiffres. Il n’y a plus de confusions possibles.

La gamme des boîtes principales devient 000, 00, 0, A, B, C, D, E, F, G, H, K et L, et celle des boîtes complémentaires 0a, Aa, Ba, Ca, Da, Ea, Fa, Ga, Ha et Ka. Le plus gros problème a été de trouver comment compléter les boîtes de la série précédente et un gros effort a été fait pour mettre au point une série de boîtes de transition. Ces boîtes contiennent un mélange de pièces "Vert et Rouge" et de pièces de la nouvelle génération.

Il y avait 9 boîtes de transition : 00-B, 0-C, 1-D, 2-E, 3-F, 4-H, 5-K, 6-K et 7L.

Pourtant, en juillet 1934, le catalogue propose toujours la gamme complète de la période "Rouge et Vert" sur la même double page que la nouvelle série "Alphabétique".

Le deuxième point important de cette période est le changement complet des couleurs des différentes pièces, la période "Alphabétique" devient ainsi le début de la période "Bleu-Quadrillé et Or".

Les bandes sont dorées et vernies, les plaques sont maintenant bleu-foncé avec un quadrillage or. En dehors de la pignonnerie et des petites poulies, le laiton n’est plus utilisé pour les roues. Elles sont en acier bleu-foncé. Pourtant en cherchant bien, on trouve parfois, encore du laiton sous la peinture bleue, l’art d’utiliser les stocks est une des habitudes de Meccano !... Il y a même quelques poulies de 1 ½" avec un flasque acier et un flasque laiton.

Le troisième point qui différencie cette période des précédentes est dans la conception même des modèles. On en a fini avec les modèles squelettiques faits de bandes, de cornières et de longrines. Il y a maintenant dans les boîtes, même les plus petites, des plaques de toute taille, perforées uniquement sur le pourtour, permettant d’habiller tous les nouveaux modèles. Ces plaques, bleues avec quadrillage or sont de deux natures : des rigides en acier et des souples en carton, les unes et les autres ont des coins à angles vifs. Elles portent les numéros 188 à 200.

Parmi les autres nouveautés, il y a également le volant, pièce N° 185, et les nouvelles roues d’automobile, pièce N° 187.

Et puis, il y a aussi les nouveaux manuels, la première série de manuels présentant cette grue géante en première page de couverture. Cette grue sera présente sous différents angles sur les manuels anglais d’après-guerre et sur les boîtes et manuels français après 1954. C’est elle qui servira de modèle pour la grue Hachette.

Ces nouveaux manuels sont entièrement refaits ; presque tous les modèles qui s’y trouvent utilisent les nouvelles plaques.

La gamme des moteurs Meccano n’a pas changé, mais toute cette série de moteurs rouges est maintenant passé au bleu-foncé. Une seule nouveauté : le petit moteur rouge et vert de Meccano-X a été modifié pour mieux s’adapter au grand Meccano. Il devient le moteur Magic ; c’est le plus petit des moteurs Meccano.

Ce magnifique catalogue, le premier avec autant de couleur, présente l’intégralité de la production des usines Meccano à la fin de 1934 ; les douze pages centrales, en noir sur fond crème, sont réservées aux trains Hornby. Quatorze locomotives y sont maintenant présentes avec un matériel roulant considérable.

Plusieurs autres motrices viendront s’ajouter à cet ensemble au cours de cette période.

Outre le Meccano et les trains Hornby, on trouve dans ce grand catalogue (20,5 x 28cm) :

Les trois boîtes de Meccano-ELEKTRON N°1, N°1A et N°2.

L’électricité est maintenant arrivée dans de nombreux foyers, ce n’est plus la chose exceptionnelle des débuts du Meccano. L’attrait des jeunes Meccano pour cette science est incontestable et ces boîtes ELEKTRON leurs apportent des réponses à de nombreuses questions en réalisant soit même diverses expériences : Piles au bichromate de potassium, électro-aimant, sonnette, morse, moteurs…

Les boîtes Meccano-Constructeur d’Automobiles N°1 et N°2

Il n’y a que deux boîtes, avec des pièces non compatibles, mais chacune de ces boîtes permet de construire quatre véhicules différents : Cabriolet, Coupé Grand Sport, Voiture de Course et Roadster.

Les boîtes peuvent être fournies avec quatre coloris différents. Que ce soit les petites voitures, ou les grandes, un puissant moteur permet d’animer ces bolides. La visserie utilisée est du 6BA (2,7mm) déjà présent dans d’autres productions Meccano.

Les boîtes Meccano-Constructeur d’Avions N°0, N°1, N°1A et N°2

Comme pour les voitures, il y a deux types d’avions incompatibles proposés dans cette gamme. Une boîte N°0 propose un avion plus petit utilisant une visserie 6BA. La boîte pouvant être proposée en trois coloris différents permet de réaliser un choix de modèles très variés. Les trois autres boîtes, N°1, N°1a et N°2 permettent de construire des avions beaucoup plus grands. Un grand nombre de modèles est proposé dans les manuels. Deux moteurs N°1 et N°2 peuvent être acheté séparément.

En Angleterre, on trouve deux autre boîtes : N°1 SPECIAL et N°2 SPECIAL

La visserie utilisée est la visserie Meccano Standard, mais nickelée et non pas cuivrée et à tête ronde.

Les cinq canots de course Hornby

Ce sont des canots de bassin. Il était fréquent, à l’époque, d’aller dans le square municipal pour faire faire naviguer des bateaux dans le bassin, parfois des voiliers en bois, mais aussi de plus en plus, des canots en tôle avec un moteur. Il y avait toujours au moins un gamin, le pantalon relevé, pieds nus, au milieu du bassin pour porter secours à un navire en perdition. Le capot des Canots Hornby est amovible, contrairement à ceux des marques concurrentes. Il est fixé par une simple vis et on peut ainsi facilement accéder au moteur, soit pour le nettoyer, soit pour le changer. Les moteurs des cinq canots étaient différents, le plus performant sur le plus gros des canots. Il se vendait au détail chez les revendeurs Meccano.

Les trois boîtes Meccano-KEMEX

Frank Hornby a toujours été intéressé par les jouets éducatifs, et la chimie, en plein essor, est un créneau à ne pas manquer. Chacune des deux premières boîtes est contenue dans la suivante. La plus grosse permet de réaliser 400 expériences. Il n’y a pas de boîtes complémentaires, celles-ci seraient inutiles avec le principe de ce jeu éducatif. Il est préférable de pouvoir se procurer au détail les produits manquants.

Les dernières productions Dinky Toys (Huit voitures, des mini trains et des personnages)

L’univers des miniatures Dinky-Toys, s’est lui aussi considérablement agrandi pendant cette période.

On peut remarquer que les personnages miniatures, en plomb, prévus pour accompagner les paysages Hornby sont présentés sous le nom de Dinky-Toys, alors que par la suite, ils feront partie des séries Hornby.

En Avril 1937, la panoplie Dinky-Toys comporte six boîtes de personnages, un triporteur, six trains miniatures, six éléments séparés pour trains miniatures, vingt-quatre autos et camions, quatre pompes à essence, huit navires et six avions. Vient s’ajouter à ces jeux de garçon, une panoplie complète de mobilier pour maison de poupées… Il serait temps que Meccano s’intéresse également à une clientèle de petites filles. Ces petits meubles sont, comme les véhicules, en ZAMAC moulés sous pression (un alliage récemment mis au point pour les moteurs d’Automobiles, à base de Zinc, Aluminium, Magnésium, Antimoine et Cuivre).

Le ZAMAC est fragile et s’altère facilement avec le temps. La "lèpre" du ZAMAC est occasionnée surtout par les vapeurs de plomb. Le même atelier moulait d’un côté des personnages en plomb et de l’autre du ZAMAC sous pression. La moindre molécule de plomb dans le ZAMAC… et 20 ans plus tard la petite voiture tombe en miette. Le problème a été découvert et corrigé par la suite, mais il explique la difficulté que l’on a pour trouver des Dinky-Toys ou des Solido de cette époque sans fissure ou autre défaut.

Et en quatrième de couverture, on trouve une publicité pour Meccano Magazine.

Rien ne laisse présager que ce sont les dernières années de Meccano-Magazine (France). Les couvertures, tout en couleurs, montrent toujours des merveilles de la technologie moderne. A l’intérieur, de nombreux articles techniques, des publicités pour les jouets Meccano, mais aussi pour de nombreuses autres marques de jouets : Solido, Quiralu, C.B.G., Au Plat d’Etain, BoisJoli, A la Source des inventions, Pélican, La Maison des Trains… ou autre : Phoscao. Il y aussi toujours une page réservée à la philatélie, une autre pour la Gilde et de nombreuses pages pour de nouveaux modèles. En tout 30 pages bien remplies… On est loin des 4 pages des premiers numéros.

Si l’on a la chance de posséder également la version anglaise de ce catalogue, on trouve aussi la mention d’un tout nouveau jeu de construction : Dinky Builder. Ce jeu ne sera pas commercialisé en France, car le créneau est déjà pris par ASSEMBLO depuis 1930. Aux Etats-Unis STANLO copie parfaite de ASSEMBLO est également commercialisé depuis 1933. Meccano a préféré se démarquer avec DINKY BUILDER qui est une copie très proche des deux jeux cités, mais non compatible.

C’est un jeu assez pratique pour construire des formes simples : Bâtiment, mobilier… mais mal adapté aux problèmes mécaniques. L’utilisation de roues pour les véhicules est la limite de mécanisation permise. Tout est basé sur l’assemblage de plaque avec des axes de 12 SWG (2,64mm) selon un système de charnières. Il y a seulement deux boîtes disponibles en ces débuts.

Cette période a aussi été marquée par un bien triste évènement : la mort de Frank Hornby, survenue le 21 Septembre 1936, dans sa 74^ième année.

En 1935, alors âgé de 72 ans, Frank Hornby n’a pas redemandé sa réélection au parlement. Il avait besoin d’une vie plus calme en raison de problèmes cardiaques.

En Septembre 1936, Clara Hornby, sa femme, qui était encore très active, participait, avec quelques amis, à une croisière en Méditerranée. Pendant ce temps, Frank Hornby était resté en Angleterre pour maintenir des contacts commerciaux et faire les derniers préparatifs pour leur noces d'or, en janvier 1937.

Son état cardiaque a continué à se détériorer et il a été admis au "David Lewis Northern Hospital", rue Great Howard, le 18 septembre 1936. Il a subi une opération le même jour mais n’a survécu que trois jours.

L’annonce de ce décès a été publiée dans les Meccano-Magazine anglais et français de Novembre 1936.

En France, dans le Meccano-Magazine de Décembre 1936, Roland Hornby annonce, dans un éditorial, qu’il prend la succession de son père à la tête de la Gilde (Guilde) Meccano. La même annonce avait été faite en Angleterre dans le numéro d’Octobre.

La fin de cette courte période avec le retour à une numérotation chiffrée des boîtes Meccano se fera en octobre 1937 et correspondra à la parution du dernier Meccano-Magazine français de l’avant-guerre, celui d’Octobre Novembre 1937. C’était un numéro spécial sur "Les Chemins de Fer", avec douze pages consacrées aux trains Hornby dont les deux pages centrales réservées aux dernière nouveautés Hornby : Le P.L.M. carénée de forme aérodynamique et les Autorails Rapides Bugatti.

A signaler aussi une double page réservée aux plus beaux modèles de locomotives réalisées en Meccano.

Les Autorails Bugatti sont venus compléter timidement l’univers des trains Hornby en Août 1935, mais ce n’est qu’en fin 1936, que la panoplie complète de ces Autorails est présentée dans le numéro de Novembre de Meccano- Magazine.

En ce qui concerne le train Hornby P.L.M. caréné, il est présenté pour la première fois dans le Meccano Magazine de Juin 1937. Mais la présentation d’Août 1937 est beaucoup mieux réussie.

Accueil : Le Meccano de Jean-Pierre

1- Frank Hornby et les premiers pas du Meccano

2- La période Clavetée : les débuts de la marque Meccano

3- La période Nickelée : La naissance du Meccano moderne

4- La période "Rouge et Vert" : Le Meccano en couleur

5- La période "Alphabétique" : le début du "Bleu Quadrillé"

6-Le retour au numérique : la période "Bleu Quadrillé et Or"

7- L’après-guerre : La fin du "Bleu-Quadrillé et Or" en France

8- L’après-guerre : Le retour du "Vert et Rouge" en Angleterre

9- La première époque du "Bleu-uni et Or"

10- Les années 60 : La fin du "Bleu-uni et Or"

11- Les débuts de la période "Zinguée" : La fin de Binns Road.